Comme un cadeau
Elle avait regagné sa chambre.
Elle sentait encore le doux toucher chaud, délicat, agréable, de sa langue contre son palais, et celui de son doigt, léger, qui remontait lentement de sa cheville au molet, puis au genou, puis sur sa cuisse, face interne, puis vers le pli de l'aine, puis
elle fermait les yeux, c'est vrai qu'elle était sage
mais
ce délicieux vertige!
pourtant cela elle l'éprouvait avec qui elle voulait, quand elle voulait
elle savait très bien le contrôler
personne n'en percevait rien, du dehors
son aspect était "impécable", sans émotion, juste un léger sourire
d'ailleurs elle souriait en évoquant tout cela
elle chassa sa mèche rebelle du devant de son visage et se mit à regarder intensément un petit coin de ciel bleu, tout en haut de la fenêtre
demain
on reprendrait la chose où l'on s'en était arrêté
doucement, lentement
la volupté, c'est tout un art
elle sentait son bas ventre se dilater, s'humidifier, des ondes le parcouraient
et pourtant elle ne faisait rien
rien que d'être immobile et d'évoquer des plaisirs futurs
je suis amoureuse!
à la bonne heure!
c'est tellement plus facile lorsqu'on est amoureux!
quelle joie, un printemps du corps
offrir son corps en printemps
cueillir les nectars
comme sa peau était douce et sa chair ferme
des cerises, elle pensait à des cerises, mais avec une peau de rose
des roses couleur thé
elle sentait leur parfum, un subtil délice
il ne manquait que lui pour cette fête!
non, pas trop vite!
laisser monter le désir jusqu'à l'insolence!
elle savait à son regard combien il l'espérait
elle, elle fermait les yeux comme on cache son jeu lorsqu'il a trop d'atouts
mais qu'on attend le moment adèquat pour s'en déssaisir
provoquer la surprise
il aimerait son abandon et ses audaces
elle jouirait de chacune de ses avances
ou de ses inventions
miel; 24 05 2011 l'histoire sans fin
invention 1 de Bach (partition)