Plongée en hapnée

Luciano avait fini de scruter attentivement le petit lot de photos noir et blanc, cernées d'un liseret blanc dentellé, comme on faisait dans les années 60.
Hazzel n'avait pas bougé d'un pouce, statue de sel, immobilisée à quelques mètres de lui.
Seuls ses yeux semblaient animés de vie, dont une perle s'échapait par instants et creusait un sillon dans sa joue de cristaux solubles.


Luciano gardait le silence, plongé dans un monde que seul lui connaissait et se remémorait.
Un monde cauchemardesque auquel il n'aurait plus jamais voulu se confronter. Qu'il avait recouvert sous des strates d'alcool et de sheet!

La bande, tous pour un, tous pourris, tous pour rien!
Elle était si jolie la tante d'Alexis!
Et ils étaient comme des loups affamés, ou comme des hyènes!

Qui avait donc commencé?
Mandrake? Manu? Luciano?
Passy n'était pas là ce jour là! Hazzel non plus, comment avait-elle su?
Et JL THE KATZ n'était qu'un puceau boutonneux encore dans ses langes!

Il ne voulait plus se rappeler, et pourtant le cauchemar hantait Hazzel, comme il hantait Alexis.


La Vérité!

Qui était le chef alors? Tous coupables, mais seul le chef vraiment responsable!
Luciano n'était pas le chef!

Luciano savait qui était le chef...
L'un des deux autres.
Le plus grand et le plus vieux sans doute des terribles cousins!



Le chef et ses complices ignoraient qu'Alexis, impuissant avait assisté à la scène!
Ils ignoraient qu'Alexis, amoureux de sa tante, avait sombré dans la folie depuis cette nuit là.
Ils ignoraient que la plaque sensible de sa mémoire les avait "photographiés" pour les identifier et les traquer où qu'ils soient.


Luciano revoyait le moment où, quelques années auparavent, l'un d'entre eux, un peu "allumé" avait tagué le bras de Hazzel avec sa cigarette.
elle avait juste sursauté, et demandé: "il va falloir m'arranger ça, je ne peux pas rentrer à la maison avec ces brûlures!"
c'est que chez Hazzel, ça ne rigolait pas!
Alors ils avaient tous les uns après les autres tagué leur bras, chacun à leur tour, gravement, décidant que c'était le "signe distinctif" du groupe, un genre de rite d'initiation, Abigaïl avait refusé catégoriquement qu'on la "tague"! Tous avaient juré fidélité et silence!
Par contre, Abi étant la "copie conforme" de Hazzel, elle avait accepté de jouer son rôle et de rentrer sagement à la maison de sa cousine, Hazzel reprendrait sa véritable place plus tard, lorsque son poignet serait cicatrisé. Elles avaient échangé leurs vêtements et leur identité!
Une mise en scène d'adolescentes un peu félées!


Combien de fois les deux cousines avaient-elles eu recours au stratagème? L'une jouant l'autre?

Luciano n'aimait qu'Hazzel, il ne se trompait jamais, du bout des doigts, dans le noir, il déchiffrait la marque du poignet.
C'était bien Hazzel qui dormait à ses côtés.

miel     16 février 2012       20:  03