Une fille, une fleur, une femme
Une petite brunette, avec deux ravissants yeux bleus, un petit nez à la retrousse qui la rendait plus coquine que naïve
de longs cheveux, longs, si longs qu'elle devait mettre toute la matinée pour les peigner, pas possible!
Une voix, comme vous en entendrez rarement
peut-être la voix des anges, qui sait?
Et un rythme!
elle dansait, elle riait, elle chantait, elle jouait de plusieurs instruments
s'il avait fallu la rêver, on n'aurait osé l'imaginer si parfaite
et elle avait posé les yeux sur moi
derrière mon comptoir de bar
pas uniquement pour me demander un coca
mais pour caresser la forme de mes favoris
et accrocher mon regard noisette où trainaient des éclats d'émeraude
j'ai demandé son nom
elle s'appelait
non je ne vais pas le dire
je veux garder ça pour moi
je buvais sa chanson
et son air de flûte
tout le reste de la soirée, je suis resté sur un petit nuage
le monde n'existait plus
la vieille barraque et sa châtelaine n'auraient plus d'emprise sur moi
mon coeur s'était donné à une enfant, un ange, une déesse, une princesse
un prénom, son prénom qui tournait dans ma tête avec sa chanson : Punay, Punay
et je rêvais de plateaux et de troupeaux
et je ne me souviens plus comment je suis rentré, comment j'ai retrouvé la route de mon chez-moi, la clé de ma porte, le chemin de mon lit
j'avais une chemise à larges carreaux rouges sur fond blanc, et un jean tuyau de poêle, des boots vernis noirs
elle portait un col roulé en pure laine d'alpaga vieux rose, un pantalon marin, dit "à pont" écru, une paire de richelieux
elle riait, ses cheveux brillaient
je n'ai pas osé lui demander où elle demeurait
j'ai pensé que nos routes se croiseraient
elle n'était pas faite pour passer inaperçue
c'était la femme moderne
celle qui me fallait
donc, on se retrouverait, forcément
Friendly