AMICO FRAGILE : Regards sur l’œuvre de Paolo Zagaglia - 1
On vient me voir parce que l’on croit que je vois plus de choses que le commun des mortels… Erreur ! Hélas, trois fois hélas… Je ne peux voir autre chose que ce que vous me dites… tout le problème consiste à le voir autrement
D’ailleurs, il ne s’agit pas de voir, mais d’imaginer puis de regarder. La police veut voir, la justice veut voir. La société s’arrête toujours au visible. Oh, ce n’est pas de la pudeur, c’est du terrorisme. Une sorte de sadisme poli qui pompe tout l’être vers sa surface visible, une surface lisse, égale, continue, sans aspérité, comme une laque japonaise posée sur l’univers entier. Pour regarder, c’est dans sa tête qu’il faut se promener, comme les chats de Baudelaire.
Les poètes ont cet œil qui regarde de travers. La violence saugrenue d’une rencontre poétique suffit parfois à déboîter nos regards et ce, à un tel point, que finalement nous voyons.
(extrait « Grand Hôtel »)
Paolo, qui es-tu ?
Je suis né en 50 comme Marco Tullio Giordana, Goran Bregovic, Mathieu Carrière, Chantal Ackerman, Jerzy Radziwilowicz, Neil Jordan, Gabriele Salvatore et Regina Boscolo.
C’est en cette même année qu’à Modène une manifestation syndicale fait six morts et une centaine de blessés, que le sénateur Mc Carthy lance sa chasse aux communistes, que le plan Schuman débute la construction de l’Union Européenne, que le bandit Salvatore Giuliano est assassiné, que Cesare Pavese se suicide, que Charles M. Schulz crée Charlie Brown, que le Pape Pie XII proclame le dogme de l’Assomption à l’origine de divers phénomènes de psychose collective : on signale un peu partout en Italie des effigies de Madones qui pleurent et on l’explique comme « un pleur de douleur en voyant s’insinuer dans la société italienne chrétienne les antéchrists communistes, l’idéologie russe et les sans-Dieu.
Sans doute faut-il voir dans tout cela le fait que je sois devenu un réalisateur, producteur, scénariste, critique de cinéma, éditeur, compositeur, webmaster, engagé dans un tas de luttes citoyennes ou politiques (Grand Hôtel)
Paolo, qui es-tu ?
à suivre...