AMICO FRAGILE : Regards sur l'oeuvre de Paolo Zagaglia - 6

Publié le par noserrances.over-blog.com

Je suis  cinéaste, homme de théâtre, vidéaste, critique de cinéma, romaniste, éditeur, linographiste, documentaliste, collectionneur, historien, folkloriste, nouvelliste,  poète et romancier.

 

Quelques extrait de ses livres…

 

Le train de nuit va bientôt arriver.  Une femme attend sur le quai.  Elle s’est assise et écoute le silence.  Une odeur qu’elle ne peut pas très bien définir, mais elle sait que c’est celle des gares.  Toutes les gares ont la même odeur et aucun train ne s’y arrête jamais longtemps.  Cette femme attend, sans hâte.  Le train va bientôt arriver, à moins qu’il ne soit en retard.  Mais elle s’en fout.  Comme de beaucoup de choses.  Elle pourrait profiter de cette attente pour se souvenir d’une autre gare.  Avec la même odeur.  Les mêmes trains.  Pourtant, elle fixe un panneau publicitaire, juste devant elle, sur l’autre quai, et elle ne pense à rien.  Un voyageur s’assied près d’elle. ( Extrait de « train de nuit » )

 

Quand le train de nuit arrivera, une voyageuse sera debout sur le quai.

Elle aura une valise bleue, les yeux encore un peu rouges d’avoir trop pleuré mais le regard déterminé.  Elle montera les deux marches du wagon, s’engagera dans le couloir et s’installera dans un compartiment vide.

 

Quand le train partira et que les lumières de la gare auront disparu, elle pensera que c’est la première fois qu’elle prend un train de nuit.

 

Alors un léger frisson traversera tout son corps.

Et son faible sanglot sera couvert par le bruit du train de nuit.

(extrait de train de nuit)

 

Dehors, c'est la ville. Les néons qui appellent et les pas qui suivent. Inlassables. Jusqu'au petit matin. Les putains ont froid cette nuit. Elles fument rageusement. Les bourgeois préfèrent une autre moite chaleur. Cette nuit. Peut-être pour demain soir. Elles attendent tout de même. Il faut. Au cas où. Un homme s'arrête. Puis repart. Plus loin.

 

Stazione_di_San_Severino_Marche.jpg

 

Tu n’aurais jamais pu comprendre que j’avais envie de partir, de renaître ailleurs, sans aucun lien avec mon passé.  J’avais besoin d’être seul.  Vraiment seul.  Pour me retrouver, pour comprendre qui j’étais vraiment.  Pour ne plus être un pantin dans les mots des autres.  J’avais besoin de faire le vide en moi.  Et autour de moi.  Un trop plein s’était formé en moi, autour de moi.  Une fuite et non un départ.  (extrait de « Eux Deux »)

  

Eux Deux est une pièce intimiste, un petit texte où les deux personnages vivent leurs apparences, leurs limites, leur duplicité, leurs secrets, leur souffrance…

 

L’histoire de « Grand Hôtel »,  écrit avec Jean Davister, se passe dans les années 80, à Verviers, une ancienne ville lainière qui à partir des années 60 a commencé sa longue mort.  Un industriel lainier a disparu alors que son usine risque d’être vendue.  Sa mère engage le détective pour qu’il retrouve son fils et le hasard objectif se met alors en marche.

Ce scénario est presque un polar métaphysique sur une époque qui se terminait et où se préparait le 21ème siècle.

 

La salle de réunion est un atelier dont les machines ont été déplacées.

Au fond, une table surélevée couverte d’un drap rouge.  Derrière elle, Jean Vieillevoye a déjà commencé son discours

  

VIEILLEVOYE

…c’est pourquoi, camarades, notre lutte est une bonne lutte.  C’est non seulement une lutte pour l’emploi mais aussi une lutte pour la qualification du travail et une lutte pour la qualité de la vie en Wallonie.

Vivas des ouvriers parmi lesquels se trouve Lesang qui regarde Vieillevoye puis lève son regard vers le haut, vers le premier étage où, à travers une vitre brisée, Madame Berger observe la scène en serrant contre son sein droit, un livre relié de tissu noir.

  

VIEILLEVOYE (continuant)

Enfin, c’est une lutte pour la qualité de l’image wallonne dans le monde.

(Il se tourne vers la droite pour s’adresser à un interlocuteur invisible)

Non, Monsieur le Ministre de l’Economie, nous ne sommes pas des assistés et nous ne serons pas non plus vos colonies.  Nous vivrons, camarades, parce que dès ce premier jour de lutte, nous avons fait preuve de notre foi et que cette foi, désormais, nous commençons enfin à oser l’organiser.

Longue, très longue et belle clameur, comme il en existe parfois en dehors des stades.

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M
<br /> même les trains et les luttes syndicales!<br /> <br /> <br /> cet auteur a l'âme universelle!<br />
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